Big Island #2 Les volcans, le coeur sauvage d’Hawaii

Dès que l’on voyage un peu, on se retrouve facilement face à des paysages exceptionnels, qui suscitent en nous, de multiples émotions : force, joie, apaisement, rêverie, dépaysement, plénitude, …

Mais des lieux qui vous prennent aux tripes, qui, pendant des heures, vous donnent l’impression de vivre quelque chose d’unique et d’exceptionnel, il y en a finalement très peu. J’avais pu ressentir cette force devant les paysages fous de Nouvelle Calédonie. Cette impression de vivre hors du temps, de ressentir la force de la nature, de n’être qu’une minuscule partie d’un tout. Cette claque, j’en ai repris une à Hawaii dès notre arrivée au Hawaii Volcanoes National Park. Cet endroit j’en rêvais depuis des mois, depuis que l’on a décidé de partir à Hawaii. Sans hésiter, j’avais choisi Big Island pour enfin rencontrer les volcans. Et le moins que l’on puisse dire c’est que je n’ai pas été déçue. Des kilomètres et des kilomètres de terres perdues sous d’impressionnantes coulées de lave, émises depuis des millénaires par les volcans de l’île. Des nuances de noirs, gris et brun à perte de vue. Des souches d’arbres desséchées emprisonnées dans les tourbillons solidifiés témoignent de la puissance d’une nature déchainée que rien ne peut arrêter. Les cratères éteints succèdent aux caldeiras fumantes. A perte de vue, ce n’est que désert et désolation. Des paysages en noir et blanc, d’où la couleur semblent avoir disparu à jamais. Perdus au milieu d’un champ de basalte et de cendre gigantesque, comment ne pas se sentir minuscules, oppressés par une nature toute puissante et implacable, par ces géants qui vomissent leur lave rougeoyante et éteignent toute trace de vie sur leur passage. Une immensité sauvage, née de la violence de la terre-même. Même aux endroits les plus isolés, les fumerolles qui s’élèvent du sol nous rappellent que, sous nos pieds, bat le coeur rouge de la Terre. Et puis la pluie battante, les lourds nuages noirs, la brume qui nous ont accompagnés tout au long de notre parcours, comme un écho au grondement venu des entrailles de la terre. Désespoir. Et pourtant, l’espoir renaît, en même temps qu’une minuscule pousse verte apparaît entre les bord d’une fissure, qu’une fragile feuille ou une fleur timide pointe sur une branche qui semblait morte, que le soleil réapparaît quelques instants entre les nuages et illumine enfin la noirceur des paysages. La nature à l’état brute, tour à tour, forte, sauvage, implacable, fragile. Et encore, les coulées actives nous échapperont, déviées vers une zone interdite au public lors de notre passage. L’émotion en aurait sans doute été renforcée.

Difficile de montrer la diversité des paysages qui se succèdent tout au long de Crater Rim Drive ou Chain of Craters Road et de rendre les émotions ressenties au fur et à mesure que la route se déroule devant nous. Quelques indications et de nombreuses photos qui, je l’espère, vous feront vous aussi ressentir cette nature sauvage.

L’itinéraire de cette journée et demi dans le parc


Hawaii Volcanoes National Park

Ce matin  là, nous nous sommes réveillés dans notre bungalow dans la foret tropicale, sous une pluie battante. Une vraie pluie tropicale et intense, chaude. Et c’est sous cette pluie que nous arrivons tôt dans le parc national (infos en fin d’article). Direction le Visitor Center pour prendre quelques informations sur le Parc, la carte des routes et les sentiers ouverts. Puis nous partons explorer le parc.

Crater Rim Road

La route qui fait le tour de la Caldeira du Kilauea est un incontournable du Parc, avec de nombreux points de vue sur l’un des points volcaniques les plus actifs de Big Island. Nous commençons par le Jaggar Muséum. L’endroit est ultra-touristique, les bus déversent les touristes par dizaines mais on comprend pourquoi, c’est l’un des meilleurs points de vue sur la Caldeira du Kilauea. A nos pieds, une surface désolée, désertique, des fumerolles et au milieu, un vaste cratère, un panache de fumée impressionnant : le Halema’uma’u Crater. On oublie les voisins un peu bruyants qui nous bousculent au bord du promontoire et on s’absorbe dans le nuage de vapeur qui témoigne de l’activité volcanique de l’endroit (le soir, si le temps est de la partie, ce qui ne fut pas notre cas, en plus du panache de fumée, il est possible d’apercevoir la lave rougeoyante qui affleure à la surface). Si vous souhaitez un peu plus de tranquillité, un autre très bon point de vue, beaucoup moins fréquenté et pas très bien signalé, préférez le Kilauea Lookout, un peu avant le Jaggar Muséum.

Steam Vents, entre le Jaggar Muséum et le Visitor Center, où on ne sait plus si les nuages qui s’échappent du sol, sont des fumerolles dues à l’activité volcanique ou bien l’évaporation de l’eau de pluie sur le sol chaud. Dans la brume, la vue sur le cratère est impressionnante.

Sulphur Banks, petite marche facile au départ du Visitor Center pour découvrir une zone où le soufre forme des tableaux en jaune, blanc et ocre …

Thurston Lava Tube, autre lieu incontournable du parc et donc très visité, est un gigantesque tunnel de lave naturel. La promenade sous une pluie persistante depuis le point de vue précédent (complètement bouché, en 2 jours on ne verra jamais le point de vue promis !) reste mémorable !

Au croisement de Crater Rim Road et Chain of Craters Road, se trouve l’un des sentiers de randonnées les plus faciles du Parc : Devastation Trail. L’un des plus fréquentés aussi. Mais si, comme nous, vous vous y trouvez un jour de pluie, vous aurez certainement la chance de vous promener quasiment seul sur un dôme de cendres et de pierres volcaniques. Notre premier vrai contact avec la puissance des volcans. Un paysage désertique où la vie redémarre à peine alors que l’éruption à cet endroit eu lieu en 1959 ! A faire absolument.

Hilina Pali Road

Peu après le début de Chain of Craters Road, une petite route s’éloigne sur la droite. Histoire de nous éloigner un peu de la route touristique, nous décidons de l’emprunter. Une belle idée, car nous sommes seuls à rouler au milieu de paysages dévastés, de forêts renaissantes, entre 2 coulées de lave plus ou moins anciennes. Et à la fin de la route, un panorama imprenable sur la côte hawaïenne, et les traces sombres des coulées qui fendent une lande à la végétation rase et jaunie.

Chain of Craters Road

Nous empruntons ensuite la Chain of Craters Road, qui comme son nom l’indique commence par une succession de cratères éteints, plus ou moins anciens, plus ou moins envahis de végétation.

Notre dernier arrêt de la journée sera pour le Mauna Ulu, en particulier les coulées de l’éruption de 1974. Il est 16h, la pluie s’est enfin arrêtée, nous empruntons une partie du Napau Trail, un sentier de 3,2 km aller retour, qui nous permettra de marcher sur l’impressionnant champ de lave solidifiée de cette éruption. Drôle de sensations. Au sommet d’un ancien cratère, la brume nous rattrape et nous masque en partie la vue qui doit être époustouflante. Par contre, nous y rencontrerons un couple de Néné, l’oiseau emblématique d’Hawaii, sorte d’oie sauvage. Et au retour, une lumière rasante du soleil couchant qui renforce encore l’impression de désolation ! Un trail assez facile, que nous recommandons.

Au retour de cette randonnée, il est assez tard et nous décidons de reprendre la route vers le Jaggar Muséum pour assister au coucher du soleil et tenter d’apercevoir la lueur rouge orangée de l’éruption dans le cratère. Mais la pluie est de retour ainsi que la brume, le point de vue est bien moins dégagé que le matin, nous ne verrons rien. (petit conseil si vous voulez tenter l’expérience, arrivez bien avant le coucher du soleil, pour bénéficier d’une bonne place, car il y a du monde !)

Comme nous n’avons pas eu le temps d’aller au bout de la Chain of Craters Road, nous décidons de modifier notre itinéraire et de revenir le lendemain matin. Le temps est couvert et chargé de nuages noirs, mais les averses sont plus rares et éparses que la veille (c’est le jour où nous prendrons notre coup de soleil !). Après le Mauna Lau, la route se poursuit au milieu des coulées de laves successives, chacune étant reconnaissable avec ses caractéristiques propres : laves plus ou moins fluides, plus ou moins noire ou rouge, … On ne se lasse pas de ce spectacle sans cesse renouvelé.

La randonnée du jour sera pour le Pu’u Loa Petroglyphs Trail, 2 km aller retour sur une bien plus ancienne coulée, mais toujours très impressionnante, sous une chaleur éprouvante (il fait chaud et humide). En récompenses, les dessins des anciens hawaiiens, gravés dans la pierre, symboles d’une autre époque, d’autres croyances, où le volcan était une déesse.

La route se termine au bord de l’océan, le paysage est toujours aussi exceptionnelle, les coulées basaltiques se déversent dans la mer, formant de hautes falaises, que la mer attaque de ses vagues puissantes. Une arche se détache sur le fond bleu de la mer : Holei Sea Arch.

Notre voyage au coeur des volcans se termine ici, au bord de la mer. Nous reprenons la route en sens inverse, non sans admiré toujours ces paysages noircis. D’autres endroits extraordinaires nous attendent. Mais le Hawaii Volcanise National Park restera gravé à jamais dans ma mémoire.

Vidéo

une vidéo sans prétention (il va falloir qu’on apprenne à moins trembler !) pour vous mettre dans l’ambiance, si les photos n’ont pas suffit …

Informations pratiques

  • Accès : Big Island, direction Volcano.
  • Tarif : 15$ par véhicule, valide pour une période de 7 jours.
  • Durée : 1 à 2 jours selon le degré d’exploration du parc et le nombre de randonnées (minimum 1/2 journée pour Crater Rim Road seulement, nous y sommes restés 1 journée et demi)
  • Restauration : dans l’enceinte du parc, un seul endroit pour déjeuner : Rim Restaurant / Uncle George Lounge. On y a très bien déjeuné pour un tarif raisonnable étant donné le lieu et le monopole (70$ plat / dessert / boissons / café, service compris pour 2). Ne pas rater la vue sur la caldeira du Kilauea. En dehors de cet endroit, prévoyez le pique-nique ou de ressortir du parc pour aller à Volcano.
  • Hébergement : un hôtel, le Volcano House Hotel ou des campings, dans le Parc. Sinon, dirigez vous vers Volcano.

Commentaires

5 réponses à “Big Island #2 Les volcans, le coeur sauvage d’Hawaii”

  1. C’est fou, je n’imaginais pas du tout ce genre de paysage là! Ca ressemble par de nombreuses facettes à Madère, étonnant!

  2. […] se mêle au souvenir, l’avoir juste effleuré et pas vraiment rencontré. Comme l’éruption volcanique manquée sur Big Island (elle a repris qq mois après notre passage), la Napali Coast nous donne une autre bonne raison de […]

  3. […] avons finalement quitté Big Island, ses volcans, ses paysages dingues la veille dans l’après-midi. Après un vol Kona – Honolulu […]

  4. […] la claque prise au Hawaii Volcanoes National Park, les yeux et le coeur plein de sauvagerie volcanique et de désert de laves, nous reprenons la […]

  5. Magique, ces photos me font rêver ! Merci pour le partage !

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